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Fais voir ta cordillère
21 août 2013

QUEL MERVEILLEUX CONTINENT

C’est indéniable, ce rêve sud-américain que je cultive depuis maintenant de nombreuses années est la région du monde qui me correspond le mieux. De plus, c’est aujourd’hui un monde que nous pouvons partager ensemble et nous nous surprenons souvent avec Sev à imaginer notre vie ici ou là, quelque part sur ce continent qui aujourd’hui signifie beaucoup pour nous deux.

Difficile à expliquer mais c’est tout un univers, depuis le Mexique proche géographiquement mais surtout lié économiquement au géant américain affichant les traits les plus occidentalisés de l’hémisphère Nord jusqu’à une Patagonie craquelée qui pointe droit au sud vers la surface de glace la plus étendue de notre planète.

Ce continent est riche de plusieurs manières. Une longue distance du Nord au Sud vous permet, d’un côté ou de l’autre de la Cordillère des Andes, d’observer des climats variés puis de caresser une végétation luxuriante. Les marins peuvent s’en donner à cœur joie, les randonneurs ont besoin de deux éternités, les historiens ne cessent d’enrichir leurs connaissances à raison de sites encore inconnus et de traditions ancestrales, les amoureux de la culture se noient dans une intense diversité artistique et pour ce qui est des voyageurs … Ils viennent, s’imprègnent et reviennent.

On aura tout entendu des différentes nations qui composent ce continent aux airs d’une Afrique qui aurait été retournée vers l’Est et dont on serait venu étirer la pointe sud à la manière d’un souffleur de verre. Il est vrai que l’histoire est riche en événement en ces lieux peuplés à l’origine d’indigènes vivant en communion avec la nature. Un très ancien et très riche mélange ethnique marié à jamais avec la Pachamama (comprendre ici « dame nature »), les rites et coutumes ayant voyagé au travers des civilisations Mayas, Aztèques et Incas, l’édification d’immenses monuments nous permettant d’admirer encore aujourd’hui les vestiges des communautés ayant habité aux quatre coins de ce « nouveau monde », la colonisation assoiffée de trésors et d’esclaves pour étendre ses empires, les combats révolutionnaires pour la création d’états indépendants, la découverte des sols riches en minéraux et métaux précieux entraînant des évolutions économiques à grande échelle, les dictatures militaires ravageant presque toutes en même temps ce merveilleux continent …

Ici viennent s’opposer les stratégies paramilitaires qui nourrissent la terreur face aux mouvements populaires demandant des comptes aux plus hautes institutions d’état, les fondements démocratiques et les politiques sociales face à la grande corruption et la vente aux enchères des richesses nationales, les influences occidentales parfaitement incontrôlées face la volonté de protéger un patrimoine culturel inestimable, une tenue légère sous la lumière des sables blancs brésiliens face à une carapace composée d’autant de vêtements disponibles pour ne pas mourir sous le froid Andin, l’envie de quitter sa terre pour les destinations dites « développées » face au besoin essentiel de participer à l’évolution de son propre pays, les boissons issues de la canne à sucre face à celles qui proviennent de la culture du maïs, les fruits et légumes aux couleurs éclatantes remplis de jus savoureux issus de généreux climats face aux riz blanc accompagné d’un morceau de viande pauvre en goût et réchauffé de ces longues heures passées trop près des huiles de friture, la rumba colombienne et ses rythmes endiablés qui font transpirer les danseurs de salsa vêtus de paillettes face aux chorégraphies boliviennes marquées d’un sens inouï de la répétition durant lesquelles les costumes traditionnels pareils à des armures vous empêchent toute fantaisie …  

Nos cinq sens auront été gâtés durant ces quelques mois … Toutes ces collections d’objets en or au musée de Bogotá, les têtes sculptées qui surgissent des murs du temple de Chavin de Huantar, la vie sous-marine de la mer des Caraïbes, la brume qui vient glisser sur les pierres du site de Choquequirao, les graffitis de ma bien-aimée Valparaiso, les merveilleux oiseaux « Serere » en pleine forêt amazonienne, le soleil se levant à plus de 6 400 mètres d’altitude, les couleurs vives de ces lacs aux eaux chargées en minéraux et autres sulfates, les portails en bois dont les charnières sont faites  avec de vieilles semelles clouées, les fameuses « Vizchacas » (lapin des Andes) qui vous fixent puis s’échappent en sautillant à travers les rochers, le grondement des canyons les plus profonds au monde, les spécialités culinaires qui auront intrigué nos papilles depuis la saveur inconnue d’un fruit tropical jusque la texture nouvelle de certains légumes, la douceur et l’abondance des laines de Lama et d’Alpaca …  

Ceux qui ont eu l’occasion de voyager quelques semaines ou plus si affinités, sur ce continent auront leur mot à dire et il nous faut impérativement admettre que l’expérience de chacun est différente de celle du voisin. Mais néanmoins, je ne lâcherai rien de mon enthousiasme. C’est ici que bien souvent les gens vous abordent, vous interpellent par curiosité, vous parlent de leur ville ou de leur famille, vous interrogent sur votre présence dans la région, vous questionnent sur ce que vous pensez de leur pays. La langue est quasiment unique sur plus de 20 pays, c’est le genre d’avantage qui n’existe nulle part ailleurs au monde. On peut qualifier les rapports humains de « calliente » ce qui signifie « chaud ». J’entends par là une certaine vigueur dans les échanges, un genre de sens tactile de la communication car il n’est pas surprenant de poser une main sur le bras ou l’épaule de son interlocuteur, de se parler en se tenant la main. Et même si nous sommes parfois tenus à l’écart de tous cela, il est indéniable que les gens échangent en permanence. Ils y vont de leur point de vue et affichent leurs opinions, argumentent et veulent démontrer le pourquoi de leurs idées. Dans ce mélange incessant de toutes les conversations, je me sens évidemment au mieux de ma forme.

Tout n’est pas rose et fort heureusement. Combien de fois avons-nous intérieurement hurlé : « Mais laissez-nous tranquille ». Lorsque l’on vous aborde pour la 15ème fois de la journée, à même le trottoir et à toute heure de la journée pour que vous veniez manger dans un restaurant plutôt qu’un autre, il peut devenir difficile de garder son calme ou de rester aimable et courtois. Lorsque certains ne respectent plus rien et que chacun écoute sa propre musique dans le bus, que les uns téléphonent au cinéma pendant que les autres jettent leurs ordures par la première fenêtre, que l’on vous passe devant tous les jours dans les files d’attente … Il y a de quoi s’énerver pour de bon et exiger un peu plus de civisme. Cependant, les difficultés rencontrées ne sont pas les mêmes dans l’hémisphère sud. Manger par exemple, reste la première nécessité bien avant de s’interroger sur les comportements citoyens !!! J’ai tout de même l’impression que dans une certaine mesure, « nos pays » souffrent des mêmes maux en ce qui concerne les attitudes qui nuisent à la vie en société. Les différences relèvent plus d’une dimension culturelle, les comportements me semblent être semblables et viennent essentiellement d’un manque d’éducation que l’on peut observer n’importe où dans le monde.

Les pays latino-américains sont quoiqu’il en soit des destinations « ouvertes ». A en juger par un tourisme de masse qui ne ralentit pas, une langue aux origines latines donc proche de la nôtre et une politique des frontières relativement flexible, je considère qu’il est plus facile qu’ailleurs de voyager ici. De toute manière, ce qui est ressenti à l’intérieur reste le plus souvent difficile à exprimer, prends toujours le dessus et nous oriente naturellement vers une région du monde plutôt qu’une autre. Il y a de belles choses absolument partout et nous cherchons tous des expériences différentes, nous avons un gigantesque terrain de jeu pour assouvir nos besoins de découverte alors tout en protégeant ce monde merveilleux, allons à la rencontre de notre propre curiosité et partageons ensemble ces grandes aventures.

Toutes les anecdotes qui seront au fur et à mesure devenus des souvenirs inoubliables et marquants de notre voyage, nous nous les remémorons régulièrement. Comment oublier ces chauffeurs de bus qui oublient de vous indiquer où descendre et donc vous obligent à reprendre un transport pour revenir sur vos pas, cette fois où nous avons fini avec quelques centimes dans les mains et obligés de réfléchir chaque petite dépense parce qu’il n’y avait aucun distributeur avant plusieurs jours, toutes ces indications parfaitement contraires qui vous rendent fous … Je me souviens lorsque Séverine décida de ramasser toutes les ordures sur notre chemin, nous revenions du site de Kuelap et il fallait voir à quelle vitesse notre sac plastique s’est rempli de tous ces emballages jetés par terre. C’était également très drôle sur la place d’un petit village de voir les gens s’inquiéter de nous savoir dormir dehors dans une tente et de les voir revenir le lendemain matin comme pour vérifier si nous n’étions pas morts de froid.

Des moments de solitude parce que vous n’êtes jamais vraiment préparés à ce que la situation puisse totalement vous échapper et puis des instants profondément émouvants, d’autres beaucoup plus tristes qui vous amènent à réfléchir de la manière la plus sincère qui soit à ce que vous voulez faire de votre vie, ce que vous y cherchez et comment vous vous imaginez grandir. Ce sont tous ces renversements qui font aussi le voyage et qui laissent en vous des traces indélébiles. Je ne peux résister à l’envie de reprendre la citation que ma chère cousine et fidèle lectrice Alex a écrite sur notre blog et qui appartient à l’écrivain aventurier Nicolas Bouvier dans son livre - L'usage du monde :

 

« Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu'au jour où, pas trop sûr de soi, on s'en va pour de bon. Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu'il se suffit à lui-même. On croit qu'on va faire un voyage, mais bientôt c'est le voyage qui vous fait, ou vous défait ».

 

C’est tellement vrai, c’est infaillible, l’idéal pour apprendre sur soi et se connaître encore d’avantage. J’ajouterai pour mon cas personnel et après de longs voyages en solitaire qu’il n’y eut rien de plus efficace pour savoir si Oui ou Non, je souhaitais passer une vie entière avec la même personne.

L’Amérique du Sud ou le continent de toutes les opportunités. On ne pourrait tout raconter et très souvent, il est impératif de le vivre entièrement alors voici ma seule et unique recommandation : Foncez !!!

Nous prenons l’avion dans quelques heures et pensons déjà au meilleur moyen de réaliser nos prochains grands rêves de voyage et d’aventure …

Hasta Luego

Piwi

 

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Commentaires
V
Manque la demande en mariage dans la conclusion ;-)<br /> <br /> Beaux textes, beau blog... <br /> <br /> Bon retour en pays franchouillard à tous les deux.
F
Voila en quelques mots quelques unes des raisons qui me font aimer aussi fort ce continent ... on ne se sera pas croisé en france, mais si vous avez des envies d'afrique .... bises
M
Merci d'avoir partagé votre belle aventure avec nous!<br /> <br /> @ bientôt..Marie-France
L
Piwi quand je pense qu'avant le départ tu disais qu'il ne faudrait pas trop compter sur toi pour alimenter le blog!! Et lire ce texte aujourd'hui! Vous avez si bien su nous faire partager vos aventures, les émotions ressenties, les bouleversements intérieurs! Encore une fois, j'ai la larme à l’œil, vous en aurez des histoires à raconter à vos enfants...En tout cas si tu ne sais pas quoi faire en rentrant, en attendant de trouver du boulot, tu peux toujours écrire...Bises et à très bientôt!
A
Allez, pour pouvoir repartir il faut savoir revenir... Hop hop hop on vous attend ici et moi j'ai noté votre passage à Paris en Octobre. Je file prendre mon avion pour la Sardaigne, on ne sait jamais, l'aventure peut être m'y attend... ! Plein de bises à vous deux et encore merci pour ces formidables moments partagés.
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